Hommage à Raphaël LASSALLETTE

24 mars 2021, Eglise Saint Vincent d’Hendaye, M. Kotte Ecenarro : 

Chère famille, Mesdames et Messieurs, Chers amis,

Dans le respect du protocole républicain, je voudrais saluer la présence, parmi nous, de :

  • Madame la Sénatrice Frédérique ESPAGNAC,
  • Monsieur le Vice-Président de l’Assemblée Nationale David HABIB,
  • M. le Président du Conseil départemental Jean-Jacques LASSERRE,
  • Monsieur le Maire d’lrun Jose Antonio SANTANO,
  • Monsieur l’ancien Maire d’lrun Alberto BUEN,
  • Madame la Ministre Nicole PERY,
  • M. l’ancien Président du Conseil Général et Sénateur Jo LABAZÉE,
  • Madame Sylviane ALAUX, ancienne députée,
  • Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux,
  • Mmes, MM. les Maires et anciens Maires, M. J-B. SALLABERRY,
  • Mesdames et Messieurs les élus et anciens élus,
  • Mesdames et Messieurs les représentants des corps constitués

Qu’il me soit également permis de remercier toutes celles et tous ceux, nombreux, qui nous ont transmis et ont transmis à la famille de Raphaël des témoignages d’amitié et parmi eux je voudrais citer Laurent FABIUS, ancien Premier Ministre et Président du Conseil Constitutionnel ainsi que Olivier FAURE actuel premier secrétaire du Parti Socialiste.

Cher Raphaël,

« La mort transforme la vie en destin et nous jette en proie aux vivants »   écrivait Jean-Paul SARTRE.

C’est vendredi 19 mars, chez toi, comme tu le souhaitais, que tu as décidé de tirer ta révérence.

Aujourd’hui, les drapeaux de la mairie et du port de plaisance sont en berne !

Cher Raphaël, permets-moi de rappeler à toutes celles et ceux qui nous font aujourd’hui l’honneur de leur présence,  que tu es bien né à Hendaye à la rue des réservoirs, dans la maison familiale où tu as toujours vécu, et où tu es décédé. Tu revendiquais souvent cet ancrage fort dans cette ville d’Hendaye que tu as tant aimée et à laquelle tu as consacré une très grande partie de ta vie. C’est pourquoi, tu avais à cœur de « recadrer » celles et ceux qui par méconnaissance, ou pour te taquiner, affirmaient haut et fort que tu étais Béarnais. Mais oui, tu aimais aussi le Béarn, ses habitants et ses vallées, celle d’Aspe en particulier, les villages de Bedous ou de Lescun, j’en suis témoin… oui Raphael, mais tu étais d’abord Hendayais !

Tu es décédé le 19 mars, date historique des « accords d’Evian », toi qui fus incorporé en 1958 (tu avais 22 ans) dans les régiments de parachutistes en Algérie, classé « inapte au commandement » nous disais-tu, et affecté à l’infirmerie : tu savais en sourire ! Une guerre qui te volera 3 années de ta jeunesse, un conflit dont le dernier des mauvais souvenirs indélébiles fut probablement le fait que, peu de temps avant ta démobilisation, tu ne fus pas autorisé à rentrer à Hendaye pour assister aux obsèques de ta maman Jeanne décédée le 10 février 1961.

Cher Raphaël, à ton retour d’Algérie, tu intègres le corps des enseignants de l’école publique de la Ville où nous aurons plaisir à découvrir avec toi un nouveau style d’enseignant un peu moins « rugueux » que certains héritiers des « hussards noirs de la République ». Mais ne nous y trompons pas, malgré ton apparence plus décontractée, de nature à nous rassurer, tu n’en étais pas moins exigeant avec tes élèves, comme tu savais l’être avec toi-même. Nous, tes anciens élèves, qui  étions déjà pour la plupart des anciens élèves de Gaston ton père, je peux te dire combien nous avons apprécié ton écoute et ta bienveillance, car tu  savais déceler ici ou là, les difficultés qui étaient les nôtres et nous encourager. Nous sommes plusieurs anciens élèves convaincus que ton arrivée parmi nous fut un « vent de modernité » : tu avais déjà 6 ans d’avance sur l’esprit de mai 68 !

Cher Raphael, c’est en 1971 que Jean-Baptiste Errecart  (notre Directeur de l’école publique) te demande d’intégrer son équipe municipale et  c’est à ses côtés que tu exerceras ton premier mandat de conseiller municipal.

En 1977, Jean Baptiste Errecart maire sortant, te propose de l’accompagner pour ce qui sera pour toi un second mandat. C’est à cette occasion, et sur ta proposition, que j’intègre à tes côtés, avec une poignée de camarades dont quelques-uns sont ici présents, la liste conduite par JB Errecart.

En 1981, deux ans avant la fin du mandat, Jean Baptiste Errecart démissionne et met fin à ses fonctions de maire. Tu le remplaceras !

De 1981 et jusqu’à 2001, les Hendayais te renouvelleront leur confiance. Tu seras donc élu Maire d’Hendaye pendant 20 ans, tout en étant, pendant 12 ans, un Conseiller Général d’opposition apprécié par tes collègues du Département, pour tes compétences, ta loyauté et ton sens du respect de l’adversaire.

Cher Raphaël, je n’oublie pas non plus tes nombreuses fonctions associatives bénévoles au service des Hendayais : au Comité des Fêtes, à la chorale Entzun, en tant qu’éducateur de l’école de rugby, éducateur auprès des  jeunes pour la pelote à main nue au sein d’Endaiarrak, Président d’Honneur de l’Amicale Laïque, fervent supporter de nos jeunes équipes de Hand ball du Stade Hendayais, et Président du Stade Hendayais rugby pendant 13 ans…..notamment.

Cher Raphaël, grâce à toi, notre ville s’est modernisée et parmi tes nombreuses réalisations, je citerai notamment :

  • ton implication sans faille en matière de Coopération Transfrontalière qui aboutit à la création du « Consorcio Bidassoa Txingudi » en 1998 avec nos villes-sœurs d’Irun et d’Hondarribia.
  • la construction d’une école publique rue Bigarena, permettant d’accueillir dans de bonnes conditions les éléves de l’Ikastola.
  • La réhabilitation de la ferme d’Irandatz qui deviendra la Maison de la Petite Enfance.
  • la construction de la Médiathèque portée par Marie- Hélène Errecart ton Adjointe à la Culture
  • le « Centre Nautique » de La Floride et « la Maison du Port » de la rue de Orangers.
  • des locaux adaptés permettant d’accueillir les riverains de Caneta disposant de mouillages forains dans la Baie de Txingudi,
  • la création du Stade de foot Bixente Lizarazu
  • les premières conventions passées entre la Ville et le Conservatoire du Littoral pour la réhabilitation de deux anciennes fermes (Larretxea et Nekatoenea) et la gestion du domaine d’Abbadia de 70 ha, avec du personnel communal mis à disposition et l’Association des Amis d’Abbadia.
  • la construction contre vents et marées du Port de Plaisance et d’un nouveau quartier à Sokoburu comprenant la Thalassothérapie de Serge Blanco, un Casino, quelques hôtels, restaurants et commerces venant compléter l’offre commerciale Hendayaise existante et créer de nombreux emplois (ce sont aujourd’hui plus de 400 emplois incluant le Centre Mondial de Recherche de Décathlon/Tribord).
  • Cher Raphaël, tu as été un homme de convictions et tu avais le courage de tes convictions. Comment oublier les sombres années de la période 1980 à 1987 au cours de laquelle, le GAL et autres groupes para-militaires, réglèrent leurs comptes à Hendaye. Un bilan très lourd : 6 personnes assassinées, dont quelques « Hendayais de longue date », plusieurs blessés et un de nos paisibles retraités séquestré. Lorsque en février 1984 les familles et les amis de deux réfugiés basques assassinés te demandent de bien vouloir autoriser une veillée funèbre dans la salle du conseil municipal de la mairie : TU ACCEPTES ! Mais ce soir-là, chez toi Raphaël, le téléphone sonne, et au bout du fil c’est un certain Gaston DEFERRE Ministre de l’Intérieur qui te reproche la décision que tu viens de prendre, toi le camarade socialiste, pendant que devant la mairie, les jours qui suivirent, les familles et amis des réfugiés assassinés manifestaient et te demandaient à leur tour des comptes pour la même raison : tu étais socialiste !

Cher Raphaël, il n’était pas facile d’être un maire socialiste à Hendaye lorsque les socialistes étaient au pouvoir à Paris et à Madrid ! Mais le maire c’était toi, courageux, respectueux, bienveillant et lucide. Ton parti a toujours été Hendaye et l’histoire t’a donné raison !

J’ai également en mémoire l’homme public, qui fuyait les honneurs et l’agitation politicienne pour se consacrer à sa ville. C’est ainsi qu’à ce Préfet qui te proposait la Légion d’ Honneur tu avais su répondre : « M. Le Préfet, je vous remercie, mais surtout gardez bien cette distinction, pour tous ceux, forts nombreux, qui ne manqueront pas de la solliciter ».

Cher Raphaël, au moment où tu vas rejoindre tes parents Gaston et Jeanne, et tous les membres de ta famille qui nous ont quittés nous avons une pensée émue pour ton frère Daniel qui vient de décéder.

Permets-moi de me faire le porte-parole de tes nombreux amis, pour te dire toute notre gratitude. Merci pour tout le travail accompli au service de notre Ville et de ses administrés.

Nous sommes très fiers de t’avoir connu et heureux d’avoir fait partie de ton cercle d’amis.

A Maité, ton épouse avec laquelle tu es mariée depuis 57 ans, qui t’a remarquablement accompagné et que tu aimais tant,

A tes filles Laurence et Valérie  à Jean-Louis et Fabrice,

A Julen et Nuria, Gexan, Haizea et Oihane tes petits enfants

A Hodei ton arrière petit-fils

A Jean-Marie ton frère et à tous les tiens

Nous voulons ici exprimer nos très sincères condoléances, notre fidèle amitié, et toute notre affection.

Cher Raphäel, tu t’en vas rejoindre tous nos collègues élus défunts et en particulier nos amis Claude Sathicq et Daniel Alleaume. Continuez à veiller sur notre belle Ville d’Hendaye que vous aimiez par-dessus tout !

Cher Raphaël, depuis 20 ans, j’ai précieusement conservé ton écharpe de Maire (celle que tu as portée pendant 20 ans) et je m’étais promis de la rendre à ta famille, le jour où tu viendrais à nous quitter. C’est à Maité que je vais la remettre.

Merci pour ta bienveillance, ton écoute et ton humanisme, merci pour les valeurs que tu nous a transmises. Tu n’aimais pas les conflits. Tu préférais les révolutions tranquilles, mais tu savais aussi que la neutralité ne mène nulle part.

Hendaye pleure aujourd’hui son Maire visionnaire et charismatique. Moi je pleure aussi mon « grand frère » celui qui m’a appris que « les racines de la patience sont amères, mais que les fruits sont savoureux » !

Cher Raphaël, tu n’aurais pas aimé que je te dise adieu, alors je te dis simplement au revoir !

Agur Raphaël baina ez adiorik !

 

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