Le protocole pour la « Garantie des Droits Linguistiques » entre Kontseilua et les Villes d’Hendaye, Uharte et Arrigorriaga est signé

C’est le fruit de plusieurs mois de travail qui est présenté aujourd’hui à la Salle du Conseil de la Mairie d’Hendaye. Kontseilua et trois communes basque de territoires différents vont mener en parallèle un projet pilote pour améliorer les politiques linguistiques.
L’acte de signature de chacune des conventions a regroupé ce matin à Hendaye, Paul Bilbao le Secrétaire général de Kontseilua, Kotte Ecenarro le Maire d’Hendaye, Maite Ibarra, la Maire de Arrigorriaga et Edorta Beltzunegi l’adjoint au Maire de Uharte.

Origines

Le Protocole pour la Garantie des Droits linguistiques est un document réalisé par les acteurs sociaux de plus de 30 communautés linguistiques d’Europe. Ce document fut présenté en 2016 à Donostia et il reçut l’adhésion de plus de 120 acteurs sociaux de 30 communautés linguistiques de toute l’Europe parmi lesquelles, les communautés linguistiques de France.

Une déclinaison communale adaptée aux collectivités locales d’Hegoalde fut présentée en novembre 2019 à Gasteiz et une autre adaptée à celles d’Iparralde, à Bayonne en février 2020. Ces documents recueillaient des mesures de politique linguistique à mettre en place par les mairies. Il y eu en effet depuis le départ une volonté de s’adapter aux différentes réalités administratives.

Les projets pilotes

Afin de valider l’applicabilité des mesures recueillies dans ces deux documents, Kontseilua a mis en place trois projets pilotes : l’un en Nafarroa, l’autre dans la Communauté Autonome Basque et un autre en Iparralde. Au-delà de l’analyse de la validité des documents de référence, il est important de relever les critères d’applicabilité afin que le résultat de l’expérience puisse être relayé plus tard, dans d’autres municipalités, et offrir à chaque commune pilote un outil pour la définition de sa propre politique linguistique.

Après avoir souhaité la bienvenue aux représentants des autres villes, le Maire d’Hendaye a donné la parole à Paul Bilbao, Secrétaire général de Kontseilua. Celui-ci a précisé qu’il s’agit d’un « projet innovant ». « Nous allons pouvoir, en partant d’une référence commune, définir des politiques linguistiques adaptées à chacun des territoires basques ». Il a ajouté que « c’est un défi pour Kontseilua et les communes pilotes. Nous espérons que les résultats du travail réalisé puissent servir aussi à d’autres communes.

Le projet aura deux phases : une phase de diagnostic dans laquelle participeront les élus, les techniciens, les services municipaux ainsi que les associations qui travaillent pour l’utilisation de l’euskara au niveau local ; et une deuxième phase de préconisations qui permettront aux élu.e.s de mettre en place ou de compléter leur politique linguistique. Ainsi les élu.e.s de chaque commune qui souhaitent démarrer une politique linguistique disposeront des premiers éléments pour la mettre en place.

Trois réalités

Paul Bilbao a par ailleurs remercié chaleureusement les trois communes pilotes. « Il nous semble que le fait de signer cette convention à Hendaye revêt une grande importance. En effet, nous constatons que quand il y a une volonté politique, le manque de reconnaissance juridique n’est pas un obstacle pour avancer dans le travail en faveur de l’euskara. Nous voulons aussi profiter de l’occasion pour souligner le grand travail qui est en train de se faire dans les mairies d’Iparralde en faveur de l’Euskara depuis notamment la création de la Communauté d’Agglomération. De plus, nous devons rappeler la loi votée récemment par l’Assemblée Nationale et les conséquences que cela peut avoir dans le développement de la langue. Le projet que nous présentons s’insère ainsi dans un moment politique très favorable ».

Paul Bilbao a ensuite souligné l’importance que revêt le fait de travailler avec une commune comme Arrigorriaga qui a déjà des plans linguistiques avancés : « ce projet pilote nous aidera à définir ce qu’il manque dans une commune où l’euskara a déjà un statut juridique favorable et dans ce sens nous ne pouvons qu’applaudir la disponibilité offerte par la commune d’Arrigorriaga ».

Finalement, le Secrétaire général de Kontseilua a cité la commune d’Uharte en précisant que « cette commune située dans la zone mixte de Nafarroa mène depuis de nombreuses années une politique favorable à l’euskara et ceci nous permettra d’avoir un autre point de vue. De même, nous pourrons explorer de nouvelles mesures qui pourraient s’appliquer et ceci sera un levier pour continuer à travailler ».

L’adjoint au maire d’Uharte, Edorta Beltzunegi, a pris ensuite la parole pour expliquer qu’ils n’ont pas hésité à se manifester dès lors qu’ils ont su que Kontseilua cherchait une ville candidate pour un projet pilote en Nafarroa. « Cela fait plus de trente ans que nous avons créé le service euskara et le nombre d’euskaldun est en forte croissance. Aujourd’hui 24% des plus de 16 ans sont euskaldun, 10% le comprennent et 50 % des moins de 16 ans sont euskaldun également. Il était important pour nous de participer à ce projet pilote afin de voir si notre mairie est suffisamment prête pour répondre aux besoins des droits linguistiques de la population et savoir quelles nouvelles mesures pourraient être mises en œuvre » a-t-il souligné.

La Maire de Arrigorriaga, Maite Ibarra, a expliqué que depuis le début ils ont montré leur disposition à participer au projet présenté par Kontseilua et elle a remercié Kontseilua. Elle a expliqué que « le projet pilote s’insère parfaitement dans la dynamique de travail que la commune d’Arrigorriaga veut impulser ». Pour elle « c’est l’occasion d’approfondir les lignes de travail déjà mises en place et de travailler conjointement avec les acteurs sociaux de l’euskara impliqués dans la commune car nous pensons que le travail en commun porte ses fruits ».

Elle a ajouté que cet outil nous apportera le moyen de répondre aux défis que nous avons lancés dans notre ville et en ce sens, il est important pour nous de participer à ce projet pilote. Nous allons apporter des réponses à des questions nouvelles et voulons mettre les droits linguistiques au centre de nos préoccupations, les développer de manière transversale et qu’ils deviennent un pilier de notre politique municipale. Nous voulons passer de la parole aux actes et en ce sens nous pensons que le protocole est un soutien important ». « Nous pensons que le développement de l’Euskara est un défi de premier niveau dans la voie de la construction d’un Euskal Herria plus durable, équilibré et juste et dans ce sens, approfondir les droits linguistiques devient un élément indispensable » a-t-elle ajouté.

Le Maire d’Hendaye Kotte Ecenarro a ensuite pris la parole. Il a expliqué que la ville d’Hendaye mène « une politique linguistique depuis plus de vingt ans et qu’elle s’est associée à des partenariats avec l’OPLB, Agglo Sud PB, la CAPB, et aujourd’hui KONTSEILUA. Mais elle est aussi contributrice avec l’apport de documents bilingues pour le traducteur neuronal du Gouvernement Basque.”

Selon lui “l’apport de Kontseilua avec la Déclinaison Communale du Protocole va enrichir la réflexion sur sa politique linguistique.” Il a ajouté que Hendaye a été la première commune d’Iparralde à se porter candidate sur les 21 communes qui signèrent leur engagement l’année dernière”. “ Hendaye sera ainsi une ville pilote qui a officialisé cette convention par une délibération du conseil municipal. Les diagnostics et les propositions pourraient permettre la construction d’un modèle à diffuser dans les communes et faciliter les échanges avec celles qui adhèrent à ce projet et pourquoi pas dans le cadre d’une association des communes adhérant à ce Protocole”.

Le Maire d’Hendaye a précisé que la ville a déjà “ un projet concret avec les communes du Consorcio Irun et Hondarribia et aujourd’hui symboliquement avec une municipalité de chacune des 3 grandes régions d’Euskal Herria qui se trouvent à Hendaye pour signer cette convention. Au-delà de cet acte symbolique, le maire a souhaité prolonger cette signature par des échanges qui permettront de mieux nous connaître, car au-delà de nos différences juridiques nous avons un dénominateur commun : l’Euskara.

A la fin de la prise de parole une photo de groupe a regroupé l’ensemble des participants au projet.

Navigation de l’article